Les liens d'Azur by Jeff Grubb

Auteur:Jeff Grubb [Grubb, Jeff]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantasy
ISBN: 2265054038
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 1995-01-18T23:00:00+00:00

CHAPITRE XV

LE PACTE D’OLIVE

ET LE SECRET DE CHAIR-À-DRAGON

Minuit était passé depuis longtemps quand Alias rentra à l’auberge. Olive savourait les bières dont la régalait l’assistance en remerciement des chants contant les exploits de ses amis. Après tout, avec Akabar parti faire des courbettes à quelque sage, son Altesse Sérénissime disparaissant en trombe dans la nuit, et le lézard qui la contemplait dans un coin, la petite femme était bien obligée d’accepter les félicitations et les toasts.

Elle vit la guerrière revenir et s’éclipser dans sa chambre sans mot dire.

Le problème avec les humains, c’est qu’ils n’ont aucun sens de l’humour. Et leur sale manie de vous caresser les cheveux d’un air paternaliste ! Un jour ; je leur mordrai la main ! Quand j’aurai les moyens d’être une « vedette capricieuse ».

Elle frissonna en se rappelant que sans Alias, elle serait toujours prisonnière de Brume, et contrainte à la satisfaire.

Parvenant péniblement à l’étage, la petite femme aperçut devant sa porte les copeaux de bois qu’elle avait coincés dans le chambranle par précaution. Quelqu’un était entré dans sa chambre !

Elle ouvrit doucement ; sur la table un petit homme comptait et recomptait de grandes piles de pièces d’argent.

— Ahem, toussota Olive.

L’intrus leva la tête et se fendit d’un grand sourire :

— Excellent ! Je me demandais quand vous cesseriez vos salamalecs.

— Une artiste ne se lasse jamais de son public. Hélas, le contraire est souvent vrai.

Elle referma la porte, s’assurant que personne d’autre n’avait envahi les lieux.

— À qui ai-je l’honneur ?

— Appelez-moi Phactis.

Elle lui serra la main, selon la coutume des petites gens. Il avait un regard saisissant : bleu profond, des iris azur et les pupilles d’un bleu-blanc incandescent.

— Vous êtes Olive Samovar, compagne de la guerrière Alias ?

— Disons que nous allons au même endroit, rectifia-t-elle.

— C’est-à-dire ?

— Je le saurai quand j’y serai. Les bardes ont besoin de voyager, de glaner des informations et de répandre leurs contes à la ronde.

— Je vois. J’ai une histoire pour vous.

Il poussa une pile de pièces dans sa direction. Ce n’était pas de l’argent, mais du platine ! Elle se maîtrisa :

— Les contes m’intéressent toujours.

— J’en étais sûr, sourit-il de toutes ses dents. Voici de quoi il s’agit : deux personnes voyagent dans la même direction, une petite femme et une humaine. Ayant perpétré un abominable forfait, cette dernière est maudite. Heureusement, des puissances cherchent à la capturer pour la délivrer de l’anathème. Mais la malédiction l’empêche de se livrer d’elle-même ; elle a déjà tué à plusieurs reprises. Bien sûr, sa compagne ignore tout des risques qu’elle court.

Il poussa deux autres piles de platine dans sa direction.

— Horreur…, commenta Olive d’une voix aussi égale que possible, les yeux rivés sur la petite fortune posée devant elle. Que peut faire notre barde en découvrant la vérité ?

— Selon le conte, un étranger offrit un anneau serti d’une pierre jaune à la réprouvée.

Tournant le poignet, il lui montra un bracelet d’or incrusté d’un grand cristal fendu.

— Joli. Quel en est le pouvoir ?

— Le conte ne le dit pas.

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